La technique HDRI (High Dynamic Range Image)
Un pixel d’une image est composé de trois couches de couleurs, Rouge, Vert, Bleu,
chaque couche pouvant contenir un certain nombre de nuances. En 8bits, chaque
couche est donc codée sur 8bits (ou 8bpc, pour Bits Per Channel), soit 256 nuances
de rouge, de vert, et de bleu. En effet, l’informatique étant binaire, on dispose de 8
‘0’ ou ‘1’ pour coder l’information, soit 28 = 256 possibilités. Sur trois couches (nos
couches R,V,B), on obtient donc 2563 = 16 777 216 de couleurs, soit 24bpp (Bit Per
Pixel).
Les images HDRI (High Dynamic Range Image) sont en fait une combinaison de
plusieurs prises de vue avec des expositions différentes, autorisant alors des niveaux
de couleurs supérieurs à 255. Par exemple, là où un mur blanc aura une intensité de
1.0 (255,255,255 dans l’espace RVB), le soleil, également blanc dans l’espace RVB,
aura une intensité de 4.5.
Le raw, enregistré en 16bits, permet de bénéficier de la dynamique réelle des capteurs
mais ne résout pas complètement le problème pour autant. Les formats HDR
sont en effet bien plus larges, atteignant pour la plupart 32bpc. Encore quelques
chiffres :
■ 8bpc = 28 = 256 nuances par canal.
■ 12bpc = 212 = 4096 nuances par canal.
■ 14bpc = 214 = 16384 nuances par canal.
■ 16bpc = 216 = 65536 nuances par canal.
■ 32bpc = 232 = 4.2 milliards de nuances par canal.
On voit ainsi que même notre fichier raw 16bits (16bpc) est complètement dépassé
par un fichier HDR, comportant 4.2 milliards de nuances par canal. Doit-on encore
évoquer les 255 nuances de nos fichiers jpgs ? …
On pourrait avancer l’idée qu’un fichier HDR se rapproche de la vision humaine et
de la capacité de l’oeil à distinguer des détails dans les ombres même en plein soleil.
Ce serait beaucoup simplifier les choses, car la dynamique de l’oeil, même si elle
est bien plus étendue que n’importe quel capteur ou film, est loin d’être infinie, et
surtout ne fonctionne pas de la même façon. En effet, quand vous affichez un fichier
image (écran, édition etc), toutes les informations sont contenues dans le fichier
et ne varient pas. L’oeil, lui, ne voit pas toute la scène, ou plutôt il la voit, mais ne
distingue les détails que dans un champ assez restreint, là où on regarde réellement,
correspondant à la fovéa, zone centrale de la macula, zone de la rétine où la vision
des détails est la plus précise. Et là où réside la grâce de la nature, c’est que l’oeil
s’adapte en quasi temps réel à la luminance moyenne présente dans la fovéa, d’une
part par réaction instinctive en adaptant le diamètre de la pupille, mais aussi en
adaptant la sensibilité de la rétine, qui traduit de façon non linéaire cette luminance
en sensation de luminosité (en signal électrique à destination du cerveau). Ainsi,
comme notre capteur, vous ne pourrez pas distinguer de détails dans les ombres si
le soleil est directement dans votre champ de vision (dans la fovéa), par contre en
décalant son champ de vision, même si le soleil est toujours “visible”, l’oeil s’adapte
et distingue alors les détails. Il faudra donc dans notre fichier HDR, qui lui est
complet, une dynamique plus étendue que celle de l’oeil elle même !